l’erreur. Également mythologue antique et mistagogue indien, il va des sveltes symboles de la Grèce au vaste symbolisme lourd et confus de l’Inde, et pour les mêmes raisons, affaire de métaphore, besoin d’images. »
« Et d’amour, il n’en a pas plus que de foi ! Le sentiment qui a inspiré tant de poésies à tant de poètes et qu’on retrouve à travers tout dans le cœur des hommes, l’amour, l’âme du lyrisme humain, il ne le connaît pas, il ne l’a jamais éprouvé !… La seule pièce élégiaque du recueil est le Manchy — un souvenir créole — et tous les détails de ce morceau, qui sont charmants et délicieusement rendus, sont descriptifs. »
D’autres, à la même date, voient en Leconte de Lisle autre chose qu’un descriptif. Mais ils se refusent à retrouver en lui rien de ce qu’ils sentent, de ce qu’ils voient, de ce qu’ils aiment, rien d’humain, en un mot. C’est ce que prétend établir Armand de Pontmartin dans un article sur la Poésie en 1862, écrit au mois de décembre, après qu’il a lu les Poésies Barbares[1]. Pontmartin, sans doute, n’hésite pas à classer Leconte de Lisle parmi « les mieux doués et les plus forts ». — Vous êtes poète, lui dit-il, mais ce serait une raison de plus pour être homme. Or, ce poète ne vit pas de notre vie, ne donne pas une voix à l’âme universelle ; il est un être exceptionnel ; il aime les cosmogonies confuses ; « il s’égare dans les jungles sous le feu d’un
- ↑ Nouvelles semaines littéraires, M. Lévy, p. 863 ; la Poésie en 1862, p. 223-271 ; les Poésies Barbares sont étudiées p. 259-262.