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une autre Dernière Vision, comme si la mort subite de la terre par le choc d’un autre globe était maintenant le dernier mot de sa science, ou du moins son vœu définitif.

Mais ce poème nous donne-t-il bien son dernier mot ?

D’autres poèmes, postérieurs à celui-ci, nous apportent des idées moins sinistres.

Déjà en 1862 (Aux Morts, Poésies Barbares), s’il envie aux lugubres troupeaux des Morts l’inévitable paix qu’ils goûtent à jamais, c’est du moins à la condition que la grande nuit les garde tout entiers. Il n’est donc pas sûr qu’ils y soient ensevelis tout entiers. Peut-être la mort n’est-elle pas une fin.

Dans In Excelsis (Poèmes Barbares, 1871), une nouvelle vie après la mort lui apparaît, non seulement comme possible, mais comme apportant peut-être à l’homme ce qu’il désire par-dessus toutes choses ;


Lumière, où donc es-tu ? Peut-être dans la mort.


Calmettes nous dit que le poète fut un panthéiste vacillant, que son être se révoltait à l’idée de rentrer tout entier dans l’Immensité vide, qu’il croyait au Mérite et au Démérite, au libre Arbitre, à la probabilité des Peines et des Récompenses, qu’il était quelque peu déiste[1]. De ce qu’il nous dit lui-même dans les

  1. P. 52-53.