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demande un autre réconfort, lugubre, celui-ci, à la pensée de la mort.

Leconte de Lisle ne mourut pas de la blessure que l’amour lui avait faite. Mais à la douleur de la trahison, à toutes les douleurs de la vie, il apportait comme remède la pensée que la mort terminait tout :


Encore une torture, encore un battement.
Puis, rien. La terre s’ouvre, un peu de chair y tombe ;
Et l’herbe de l’oubli, cachant bientôt la tombe,
Sur tant de vanité croit éternellement[1].


Il évoquait le souvenir du loup de Vigny :


Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir.


Par moments, il songeait au suicide. Dans le Vœu suprême[2], il dit la mort meilleure qu’une trop longue vie, soit qu’on se jette à la mer, soit qu’en face du ciel, d’un œil ferme, on tombe sur le fer. Et, saluant le splendide baptême du sang, il souhaite d’entrer ceint de cette pourpre dans son éternité.

Cependant, il ne réalisa point ce vœu. Il lui semblait plus digne de mettre sa sagesse, comme il le dit dans Requies[3], à comprendre que la mort est le repos après une vie qu’on ne peut faire autre qu’elle est :

  1. 1855.
  2. Revue Européenne, 1er décembre 1861.
  3. 1855.