Pour satisfaire leur cupidité, ils ont dépouillé le globe des bois qui l’abritaient, abaissé sous leurs pieds vils la cime des monts, souillé le sein mystérieux de la mer.
Plus de transports sans frein vers un ciel inconnu,
Plus de regrets sacrés, plus d’immortelle envie !
L’amour, l’amour est mort avec la volupté.
Le poète se demande si la liberté, la justice, la passion du beau n’éveilleront pas enfin leurs forces enchaînées, si elles ne feront pas courir la sève en nos sillons taris. Est-ce impossible ? Alors la terre épuisée n’a qu’à mourir et l’homme n’a qu’à voler, poussière vile, au gré des vents sauvages !
Le réveil appelé de ses vœux par le poète ne se fit point. Aussi seize ans plus tard jette-t-il de nouveau l’anathème aux Modernes (Poèmes Barbares, 1871). Quatorze vers cette fois y suffisent, mais où il condense ce qui fait de ces modernes les personnages les plus barbares de son recueil : une vie lâche, puisqu’elle est dépourvue de rêve et de dessein, de toute passion vigoureuse et profonde ; le vide des cervelles ; l’assassinat des dieux ; l’incapacité de rien faire, la dévastation du sol nourricier, le plongeon dans le néant des suprêmes ennuis ; — mais tout cela fait prévoir une mort prochaine, une mort stupide :