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XI

LA BARBARIE DES MODERNES


La barbarie des gens d’autrefois était souvent très sympathique. Elle se produisait dans des pays magnifiques ; elle créait des décors dont le poète pouvait se faire un plaisir de reconstituer le pittoresque ; elle supposait des cœurs intrépides, des passions ardentes et généreuses » elle procédait de théogonies pleines de sens et de poésie.

Mais la barbarie des modernes n’a rien que de laid, de vil et d’exécrable.

Dès 1855 (Poèmes et Poésies), Leconte de Lisle lui jette l’Anathème.

Les modernes ont tué les dieux. Ils n’ont plus qu’un culte : celui de l’or ; ils n’ont plus qu’une passion : la soif de s’enrichir.


Et corrodant leur cœur d’avarice enflammé
L’idole au ventre d’or, le Moloch enflammé
S’assied, la pourpre au dos, sur la terre avilie.