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Saint-Pierre (Études, IV), de Chateaubriand (Génie, I, IV, iv) et surtout ceux de Vigny et de Byron (Ciel et Terre), Mais plus de ces jeux où Bernardin et Vigny s’amusent après Ovide, et qui font transporter par les eaux les phoques aux lieux aimés des chèvres, échouer les palmiers sur les rives de la Sibérie. Toujours de la peinture en action ; la mer, non pas ayant tout envahi, mais envahissant tout. Partout, qu’il s’agisse de montrer l’ascension des lames ou le frisson qui passe dans les chairs vivantes, autant de sobriété que de plénitude. D’un bout à l’autre de l’épisode, un enchaînement vraisemblable des phases de la prodigieuse catastrophe. Et dans chaque strophe des vers d’une vigueur magnifique.

Même là où il se rapproche le plus de ses modèles, Leconte de Lisle manifeste avec éclat son originalité, et il apparaît l’égal des plus grands, si même il ne les surpasse pas.

Ovide et Vigny ne nous font point assister aux efforts de l’oiseau, et leurs tableaux ne sont que des ébauches :


Quaesitisque diu terris, ubi sidere detur,
In mare lassatis volucris vaga decidit ales.

Mét., I, 307-308

En vain fuyant aux cieux l’eau sur ses rocs venue
L’aigle tomba des airs repoussé par la nue.


Chez Chateaubriand aussi, la lutte est finie, mais