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pendant sa vie les maux dont il l’avait menacé. L’ÉIie de Leconte de Lisle refuse de croire au repentir d’Akhab ou de l’accepter. Il lui annonce que les chiens vengeurs bondissent déjà de joie, qu’ils sont prêts à se partager les corps royaux.

Si Leconte de Lisle a barbarisé Akhab, il n’a pas manqué non plus de barbariser Élie et le Dieu d’Élie. Ce Dieu, vindicatif, inaccessible au pardon et à la pitié, est-il bien le Dieu d’Israël ? N’est-il pas, comme le dit Calmettes, apparenté à Moloch ? — Et ce qu’il est dans l’histoire de Naboth ne l’est-il pas aussi dans l’histoire de Qaïn ?

La conception de Qaïn remonte à 1845. Mais le poème ne fut achevé sans doute que beaucoup plus tard. Ce qui est certain, c’est qu’il parut seulement dans le Parnasse de 1869. L’auteur avait songé un moment à le détruire, le trouvant trop byronien. Il le considérait néanmoins comme un de ses meilleurs, nous dit Virginie Demont-Breton[1]. Assurément, c’est un de ceux où il a mis le plus de lui-même, le plus de son art et le plus de sa pensée.

Leconte de Lisle raconte un rêve de Thagorma, le Voyant, captif à Babylone. Mais auparavant, dans

  1. Les maisons que j’ai connues, Paris, Plon, 1927, t. II, p. 146.