déplaît à tant d’égards, il aurait pu expliquer la générosité de Djihan-Arâ par sa religion : car le Coran ne cesse de recommander la pitié pour le pauvre et la sainteté de l’aumône. Mais le poète ne le fait point. Comme dans le frère assassin il incarne tout esprit religieux, il incarne, ce me semble, dans la sœur, non les vertus de l’Islam, mais la vertu de toutes les âmes naturellement fortes et droites. Elle est ce qu’elle est, je n’irai pas jusqu’à dire : malgré l’Islam, mais je puis dire : sans que l’Islam y soit pour rien.
Le Conseil du Fakir, publié le 15 février 1860 par la Revue Contemporaine, nous ramène dans le pays où régnent les descendants de Tïmour.
L’héroïne est une autre Nurmahal ; le héros, un de ces Nababs dont le royaume naquit du morcellement de l’empire mongol. La femme est jeune, le prince est vieux. Un Fakir lui reproche ses crimes et lui annonce le châtiment. Il le met en garde contre le reptile réchauffé dans son sein. Le Nabab rit, mais la femme tressaille : de peur que son maître ne cède en effet au conseil, elle prend les devants ; dès le soir, l’homme dort :
Le sang ne coule plus de sa gorge ; et, nageant,
Au milieu d’une pourpre horrible et déjà froide,
Le corps du vieux Nabab gît immobile et roide.