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À sa sœur qui lui demande compte du sang des siens, il répond en souriant :


Djihan-Arâ ! c’était la volonté de Dieu.


Une fois de plus, Leconte de Lisle reproche à l’Islam de justifier comme étant voulu par Dieu le triomphe du crime.

Mais Aurang-Ceyb lui-même n’est pas insensible à la bravoure d’une âme fière. Sa sœur Djihan-Arâ a été jusqu’à la victoire de l’usurpateur la compagne et le charme du vieil empereur. Elle a refusé, pour rester auprès de lui, des trésors et des couronnes. Sous les rubis qui ceignaient sa tête, elle dédaignait ce poids vain ; elle rêvait au pauvre et au délaissé, à la puissance de la bonté et à la sainteté de l’aumône.

Quand l’assassin a triomphé, elle se dresse devant lui. Elle ne pleure pas, elle demande des comptes, elle maudit. Aurang l’admire et lui offre ce qu’elle voudra. Alors, pour que Djihan pardonne à son bourreau et pour qu’elle-même abjure sa haine, elle demande à être enfermée dans le tombeau de son père.

Le maître s’incline. Une larme hésite dans son œil morne. Il acquiesce :


Va, dit-il, le chemin des forts est le plus droit.


Si Leconte de Lisle avait eu l’impartialité de reconnaître un des plus beaux côtés de cet Islam qui lui