Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Éléphants et le Désert paraissent le même jour dans les Poésies Nouvelles de 1855. Ils se suivent. Le recueil des Poèmes Barbares en 1871 les séparera. Il placera le Désert entre deux poèmes islamiques, les Éléphants entre deux paysages, peu avant des poèmes animaliers.

Mais, si l’auteur n’a pas maintenu les deux poèmes l’un à côté de l’autre, n’était-ce pas à dessein qu’il les associait quand il les publia ?

Ce qui les apparente, c’est d’abord, sans doute, une valeur pittoresque qui leur a mérité d’entrer tous les deux dans les anthologies.

« Chaque mot, écrit Marcou, commentant le Désert, est un trait précis et coloré qui reste dans l’œil du lecteur ; il voit la cavale amaigrie, le rude manteau de laine, les troupeaux nomades, les citernes fraîches. Son imagination rassemble et groupe ces traits et reconstitue tout un tableau de la vie de la tribu dans le désert. Voilà l’art de peindre sans décrire[1]. »


Quand le Bédouin qui va de l’Horeb en Syrie
Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
Et sous l’ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
Dans son rude manteau s’enveloppe et s’endort ;

  1. Marcou, Morceaux choisis des classiques français, Paris, Garnier ; Poètes, p. 614. Le poème est aussi dans le Parnasse d’A. Thérive, 1929.