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Seul, Rui Diaz de Vivar, enfourche, roide et fier,
Son cheval de bataille enchemisé de fer.
Il a l’estoc, la lance, et la cotte maillée
Qui de la nuque aux reins reluit ensoleillée,
Et, pour parer le casque aux reflets aveuglants,
Un épais capuchon de drap rouge à trois glands.


Nous voilà dans l’Espagne du Romancero. Mais ce qui nous transporte dans une Espagne plus barbare, c’est la qualité des injures, c’est la violence des menaces, c’est la force des coups. « Ce détrousseur de gens, ce fils de routiers » ; c’est ainsi que Rodrigue est désigné par don Iñigo, vil courtisan, qui lui enjoint de baiser la main du roi. Et ces injures ne suffisant pas, Iñigo se demande s’il ne doit pas l’appeler More, Juif, peut-être hérétique ; à coup sûr il peut le nommer menteur et traître. Aussi, en toute équité, réclame-t-il pour lui une corde ou un vil couperet qui lui scie le cou. Que cet arrogant obéisse ou Iñigo va le happer à la jambe, le traîner à travers les cailloux jusqu’aux genoux du roi. Et comme il n’est pas de barbare, dans le Moyen Âge de Leconte de Lisle, qui ne soit bon catholique, Iñigo appuie sa menace d’un serment par la Vierge, et, ce qui a plus de poids, par le Pape.

Mais si don Iñigo a la langue un peu vive, don Rui a la lame encore plus prompte :


Ainsi parle Iñigo. Don Rui tire sa lame
Et lui fend la cervelle en deux jusques à l’âme.