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Sans un être vivant qui veille à ses côtés.


Entre les deux tableaux, le Chœur des Évêques chante le Saint-Siège romain, maître unique et seul juge ; puis, le Chœur des Césars enjoint à la ville de la Louve, des légions, des héros de se relever :


Rome, Rome, debout ! Reconnais tes Césars !


De Grégoire, le poète a fait une réplique du Moïse de Vigny, « triste jusqu’à la mort de sa tâche sublime, rongé du même feu, sombre du même ennui. ». Il rappelle avec respect, il admire même sa foi intrépide et la vigueur de son âme dans un corps épuisé. Pourtant, on sent qu’il ne l’aime guère. Sa sympathie, facilement acquise aux révoltés, va au César qui a osé prendre sa ville au pape, le chasser de ses États, le remplacer sur son siège, et qui, vaincu aujourd’hui, mais non repentant, appelle ironiquement les chiens à la curée.

Plus encore que dans les imprécations du moribond, la pensée du poète se manifeste dans le Chœur des Césars.

Le poème est écrit en 1861. L’Italie vient de commencer l’œuvre de son unité, et Leconte de Lisle a aussitôt salué le réveil du peuple endormi[1]. Milan et Florence sont libres. On songe maintenant à la conquête de Rome. Or, c’est précisément cette conquête que Leconte de Lisle appelle de ses vœux. Dans le vaincu,

  1. À l’Italie, 15 avril 1859, Revue Contemporaine ; le Soir d’une bataille (Solférino), 15 janvier 1860, même revue.