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en ait pas fourni aussi d’autres, et qu’à côté des abus le poète n’ait pas voulu voir les grandeurs.

Des deux premiers poèmes qu’il qualifia de barbares, l’un était précisément un poème sur le Moyen Âge. Il transportait les lecteurs dans l’Islande chrétienne en 1220 : la Vision de Snorr. Il parut avec la Mort de Sigurd sous le titre commun de Poésies Barbares le 31 octobre 1858 dans la Revue Contemporaine.

La Vision suivit donc de près cet opuscule de Bergmann : Les Chants de Sôl (Sôlar Liôd), poème tiré de l’Edda de Sœmund, publié avec une traduction et un commentaire ; Strasbourg et Paris, 1858 (Journal de la Librairie, 6 mars[1]).

Dans le recueil de légendes islandaises intitulé Edda et attribué à Sœmund, les Chants de Sôl, c’est-à-dire de la Sagesse, ont un caractère très particulier : c’est un poème chrétien. L’auteur en est un prêtre. Il vivait au XIIe siècle, et c’était sans doute Sœmund lui-même. Le poème est l’exhortation d’un père, qui prêche la morale chrétienne à son fils par des conseils, par des exemples, par des allégories et par des visions. L’une de

  1. Sur le poème islandais et la façon dont Leconte de Lisle l’a utilisé, voir l’article que j’ai publié dans la Revue d’Histoire littéraire de la France, en octobre 1923. J’explique pourquoi le poète substitua Snorr à Sœmund et fixa la vision en 1220.