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IDÉES ET DOCTRINES LITTÉRAIRES

luttes d’idées. La victoire revient nécessairement à l’idée la plus vraie.

La philosophie de l’histoire en présence d’un peuple doit reconnaître avant tout pourquoi ce peuple est venu dans le monde, ce qu’il a à y faire, quel but il poursuit, quel rôle il vient jouer, quelle est sa destinée, quelle idée il représente.

Il y a dans une époque différents peuples, parce que dans une époque il y a différentes idées. Chaque peuple représente une idée et non pas une autre… Or les idées particulières des différents peuples d’une même époque ne se sachant pas comme des idées particulières…, mais se prenant pour vraies, c’est-à-dire complètes et absolues, aspirent à la domination, et se rencontrent dans cette prétention commune d’être seules vraies, absolument vraies, et seules dignes de la domination. Là… est la racine indestructible de la guerre…

Voyons maintenant quels sont ses effets. Si la guerre n’est autre chose que la rencontre violente, le choc des idées exclusives des différents peuples, il s’ensuit que dans ce choc l’idée qui sera la plus faible sera détruite par la plus forte, c’est-à-dire sera absorbée et assimilée par elle ; or la plus forte idée dans une époque est nécessairement celle qui est le plus en rapport avec l’esprit même de cette époque… ; le peuple de l’époque qui représente l’idée le plus en rapport avec l’esprit général de l’époque est le peuple appelé dans cette époque à la domination… Défaite du peuple qui a fait son temps, victoire du peuple qui a le sien à faire et qui est appelé à l’empire, voilà l’effet certain et incontestable de la guerre ; donc la guerre est utile…

Ses effets… sont bienfaisants. En effet, si ce sont les idées qui sont aux prises dans une guerre, et si celle qui l’emporte est nécessairement celle qui a le plus d’avenir, il fallait que celle-là l’emportât, et par conséquent qu’il y eût guerre ; à moins que vous ne vouliez empêcher l’ave-