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Je dois avouer que son adversaire, quoique ferme et plein de bon sens, ne me rassurait pas. Il disait certainement des choses excellentes, irréfutables, et il n’y avait aucun des assistants qui de tout son cœur ne lui donnât raison. Je faisais de même, de tout mon cœur. Mais en esprit j’agrandissais la scène, j’appelais un autre public, et aussitôt je sentais douloureusement la profonde impuissance de cette raison.

En ces matières, c’est la multitude qui prononce, uniquement mue et décidée par des poussées de sentiment. La raison est un poids qu’elle ne peut porter. La multitude obéit à des passions et elle aime le dégât ; elle applaudit quand son instinct devine qu’il s’agit de faire crouler quelque chose. Et quelle chose à faire crouler que l’Église ! Ainsi s’explique le succès des hérésies, toutes absurdes, toutes combattues par des raisons inexpugnables, toutes triomphantes de la raison pendant un certain temps, qui ne fut