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qui renferme des hôtes étranges ». Il s’agit de la famille de Naundorff, qui « se compose d’une mère et de six enfants, trois garçons, trois filles, dont l’aînée a dix-huit ans ». Le possesseur du château est M. Brémond, serviteur exalté de Naundorff après avoir été, comme je l’ai dit quelques pages plus haut, serviteur dévoué de Richemont. Voici le portrait que l’auteur des Pèlerinages trace de ce faux-dauphinomane : « C’est un honnête et pieux vieillard, dont les idées sont empreintes d’un mysticisme pour ainsi dire sans frein. On y reconnaît cette inquiétude de l’homme qui veut à la fois tout croire et tout expliquer, mais qui veut aussi faire sa croyance. Ses rêveries ne refusent rien de ce qui les flatte ; elles sont crédules et sévères à l’excès, portant les jugements les plus atroces et admettant les faits les plus incroyables avec la même facilité. »

Plus loin, après avoir résumé les traits principaux de l’existence de Naundorff jusqu’en juin 1836, époque à laquelle l’imposteur envoya une assignation au vieux roi Charles X, au duc et à la duchesse d’Angoulême, Louis Veuillot poursuit en ces termes :

« On en était là, lorsqu’un ordre de la police mit fin au procès et au règne de l’horloger de Crossen. Le gouvernement français, neutre dans la question, jugea bon de réprimer une tentative qui, à la longue, pouvait faire des dupes ; car il y a en France des actionnaires pour toutes les entreprises, quel que soit leur