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se glorifiait d’être un incrédule, un franc-maçon, se glorifiait aussi d’avoir été reçu par le Pape, se disait « protégé spécialement par la sainte Vierge ; il avait des révélations célestes, des colloques avec les anges ». Naundorff ne lui cédait rien sur ce terrain, cela va sans dire, et, comme Richemont, s’entretenait familièrement avec les anges, si bien qu’il en arriva un beau jour à écrire, sous leur dictée, un évangile nouveau et diverses choses des plus intéressantes. J’en ai des extraits. Mais je les garde pour un autre chapitre.

Ils se querellèrent constamment, Naundorff et Richemont. C’était plaisir de voir comme ils savaient se réfuter mutuellement, quand ils ne disaient pas la même chose, et même, quelquefois, lorsqu’ils disaient la même chose. Ils se décochaient aussi des brochures d’invectives. Naundorff appelait Richemont « un agent de Goritz », Richemont traitait Naundorff de « misérable intrigant soudoyé par la police de Louis-Philippe ». ─ « Escroc ! » répondait celui-ci. ─ « Menteur », répliquait celui-là ; etc. « Tous deux avaient raison », conclut M. de La Sicotière.

La fin de leur vie fut tristement semblable ; jusqu’au bout, mais avec un succès qui diminuait chaque jour de plus en plus, surtout pour Naundorff, ils persistèrent dans leurs rôles. Richemont mourut le dernier, le 10 août 1853, au château de Vaux-Renard, à Gleizé, près de Villefranche (Rhône). L’acte de décès, rédigé conformément à « la déclaration de M. de