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sa faveur, la main de sa fille la princesse Clémentine. Qui n’eût pas consenti ? Richemont, avec noblesse et fierté, refusa. Toute autre place qu’un trône était indigne de lui, comme l’a écrit Bossuet.

C’est à la suite de ce refus grandiose, dit-il, qu’il fut arrêté, en 1833. Là, nous rentrons dans le domaine des réalités. L’année suivante, il comparut devant le jury de la Seine et fut condamné, pour complot contre la sûreté de l’État, port d’armes prohibées et délits de presse, à douze années de détention. L’amnistie de 1840 lui permit de reprendre son rôle. Il retrouva ses partisans. Ses malheurs n’avaient pas abattu leur fidélité.

Et il en avait beaucoup de partisans, beaucoup ! Malgré l’évidence et la sottise de ses mensonges, malgré ses contradictions, malgré ses idées politiques, il avait pu réunir autour de sa personne toute une cour. Des ecclésiastiques s’y pressaient en grand nombre. On y voyait même deux évêques ; elle comptait, de plus, d’anciens émigrés qui affirmaient reconnaître bien certainement le Dauphin ; parmi ces vieillards se trouvait Brémond[1], qui avait été l’un des serviteurs de Louis XVI ! Et celui qui fit les frais nécessaires pour la publication du premier factum de cet imposteur, fut un Montmorency !... D’ailleurs, Richemont ne reculait devant aucun moyen s’il y voyait une chance de recruter des fidèles et de les retenir ensuite. Cet homme qui

  1. Il devait ensuite passer à Naundorff.