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un mot, plusieurs personnes me l’adressant, avec l’idée mal dissimulée qu’elles vont me mettre dans un embarras pénible. Elles ont l’air d’avoir écrit en se disant, le sourire du triomphe sur les lèvres : « Comment parera-t-il ce coup droit ? » Le voici, leur coup droit : « Non, monsieur, Naundorff ne fut pas un imposteur ; j’en ai la conviction. Veuillez réfléchir en effet : se donner pour Louis XVII, jouer, durant treize années, ce rôle, et le jouer si bien qu’on réunisse autour de soi un grand nombre de partisans, croyez-vous que cette abominable imposture soit une imposture facile, vraisemblable, admissible ? À mon avis, certainement, Naundorff n’aurait jamais eu, d’abord, l’idée de se dire Louis XVII, ensuite l’audace de mettre à exécution cette idée, s’il n’avait pas été vraiment le duc de Normandie ! » J’ai reçu plusieurs lettres écrites dans ces termes, ou à peu près ! Telle est la puissante logique des partisans de Naundorff !

Ils vont voir que, par malheur pour ce prodigieux raisonnement, Guillaume Naundorff n’a pas été seul à jouer le rôle en question. Il s’est trouvé d’autres aventuriers qui l’ont rempli avec le même aplomb, la même constance, et, parfois, avec un meilleur succès. L’un d’eux, généralement appelé Richemont, a causé plus de tapage, a réuni une cour plus choisie et plus nombreuse, en effet, que n’importe lequel de ses rivaux. Comme il est difficile de croire qu’il y ait eu trente vrais Louis XVII, la conclusion