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recourir à une autre fable, d’ailleurs non moins absurde, dont je dirai quelques mots, quand je m’occuperai de leur Louis XVII.

J’arrive à la dernière objection : en général, les faux dauphins ont prétendu avoir été tirés du Temple par Frotté. Richemont l’a toujours affirmé, Naundorff l’a toujours assuré. Les avocats de Naundorff produisent même la copie, la copie seulement, bien entendu, de trois lettres de Laurent, du timide Laurent, de l’homme qui avait si peur de se compromettre. Par ces trois lettres, datées du 7 novembre 1794, des 5 février et 3 mars 1795, « Laurent, dit M. Bertin, donne à Frotté les détails les plus précis sur la situation de Louis XVII, caché dans les combles du Temple et sauvé à demi, sur l’attitude du muet qu’on lui a substitué, sur le dessein de B... (Barras) de substituer à ce muet un enfant malade, etc. ». Mais, véritablement, Naundorff joue de malheur, continue M. Bertin ; en effet, dans une lettre confidentielle (et cette fois l’original existe), adressée à une dame Atkyns, « qui s’était vouée comme lui au salut de la famille royale, lettre datée du seize mars 1795, Frotté rappelle avec tristesse l’impossibilité de cette délivrance et renonce même au projet qu’il avait formé de s’enfermer avec le Dauphin, parce que sa mort est inévitable et prochaine ». Charette échappe comme Frotté au faux Louis XVII. M. de La Sicotière a lumineusement démontré, on va le voir dans le chapitre V, que les deux proclamations