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dépit du bon sens, que Louis XVIII ne croyait pas à la mort de son neveu, et je me demande ce qu’aurait fait, le cas étant donné, cet abominable usurpateur, ce grand criminel ? Mais, il n’est pas possible d’en douter : alors, il eût été jusqu’au bout de son mensonge infâme. Il n’aurait à coup sûr point voulu, en renonçant, en reculant, s’exposer à laisser planer des soupçons qu’il devait redouter par-dessus tout. En somme, il était bien certain que les recherches ne resteraient pas sans résultat ; quel qu’il fût, l’enfant mort au Temple le 8 juin 1795 avait été enterré quelque part ; on aurait retrouvé à la fin le petit cadavre portant les traces de l’autopsie, et qui serait venu dire, en présence de ces restes, après vingt et un ans passés : « Ce n’est point là le fils de Louis XVI » ? La reculade de Louis XVIII suffirait au besoin, seule, à prouver son innocence.

De même, croit-on qu’il aurait eu l’audace de refuser le cœur de son neveu, que lui offrait Pelletan, s’il avait eu sur la conscience le crime que lui ont reproché les partisans des faux dauphins ? Il se serait dit, au contraire : « Prenons-le bien vite, ce cœur, sans quoi tout le monde va deviner que Louis XVII n’est pas mort. » Non, ce monarque n’avait pas le moindre doute touchant le décès de l’enfant royal au Temple, et il était également convaincu de la vérité du récit que faisait Pelletan. Mais le cœur dérobé pendant l’autopsie avait été plus tard volé à l’illustre chirurgien, par un de