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cette époque-là qu’il eût été possible de substituer à Louis XVII un autre petit malheureux.

Je ne remonte point davantage, c’est inutile ; car, ce n’est certainement pas non plus pendant les six longs mois qu’on l’a tenu calfeutré, seul et malade, en un cachot hideux, pestilentiel, rempli d’ordures, sans air, infesté de souris, de rats, d’énormes araignées, de vermine, de pourriture immonde, en un chenil à la vue duquel le jeune garçon de cuisine Caron s’écriait un jour : « Tout est vivant dans cette chambre ! » ce n’est pas pendant ces six mois, durant lesquels personne n’a communiqué avec lui que par un guichet, tout juste suffisant pour lui jeter sa pâture, durant lesquels, de plus, on venait à travers ce même guichet, s’assurer à tout instant, nuit et jour, de sa présence, non, ce n’est pas pendant ces six mois de martyre atroce que la substitution a pu se faire !

On ne prétendra point davantage que le cordonnier Simon l’ait permise, cette substitution. Hélas ! l’enfant grisé, saoulé, récitant une leçon infâme, apprise sous l’affreuse torture physique et morale des coups effroyables que lui prodiguait son bourreau, le pauvre petit être qui est venu, dans ces conditions, déposer contre sa mère, contre Marie-Antoinette, c’était bien le fils de Louis XVI ! Or, il n’est sorti des mains de son « gouverneur » Simon que pour entrer au cachot, et avant qu’il y entrât, Robespierre, on le sait, vint, par surcroît de précaution, s’assurer de son identité.

Mais à quoi sert tout ce débat ? Il est une