Page:Veuillot - L’Imposture des Naundorff, 1885.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

Damont et du gardien Lasne, que Louis XVII a expiré, après avoir prononcé les dernières paroles que voici : « Mettez-moi dans un endroit où je ne souffre pas autant. » Gomin, son autre gardien, venait de sortir, envoyé par Damont au président de la Convention pour l’informer de l’état désespéré du malade. Quand il revint, Gomin trouva l’enfant mort. Les deux gardiens « pleurèrent amèrement ». À l’instant même, le président de la Convention fut averti. Comme on levait la séance, l’avis officiel du décès ne fut donné que le lendemain aux membres de l’Assemblée.

Mais je ne vais pas m’attarder à discuter ce que les naundorffistes eux-mêmes ne contestent point. Qu’un enfant soit mort le 8 juin 1795 au Temple, ils veulent bien le reconnaître, dans l’impossibilité où ils se trouvent de faire autrement. Ce qu’ils refusent mordicus d’admettre, malgré toutes les preuves écrasantes qui ont été produites, c’est que l’enfant décédé, à cette date, en ce lieu, fût Louis XVII. Et il se rencontre des personnes intelligentes, instruites, qui se défendent énergiquement de croire aux Naundorff, et qui, néanmoins, sur la foi d’un on-dit, impossible à vérifier, né d’un autre on-dit, attribué par un troisième on-dit à quelqu’un, mort, toujours, depuis très longtemps, déclarent timidement qu’il n’est pas prouvé, somme toute, d’une façon manifeste que ce soit bien Louis XVII qui soit mort au Temple, le 20 prairial an III ! Ces personnes ont tort de pousser l’esprit de conciliation jusqu’à donner aux