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donner le principal considérant de l’arrêt définitif rendu contre les imposteurs le 28 février 1874, par la cour d’appel de Paris. Mais on me permettra d’abord d’indiquer la portée considérable de cet arrêt, en rappelant au milieu de quelles circonstances il fut prononcé.

En ce temps-là, notre magistrature n’avait pas encore été réformée, épurée ; on ne parlait même point de la livrer à cette vindicative opération. Elle présentait donc, – c’était l’avis unanime, – toutes les garanties désirables de science et de conscience. Je n’insiste pas ; ce qu’il importe surtout de faire ressortir, c’est ce qui suit : tandis que les Naundorff, demandeurs, avaient accumulé à loisir toutes les ressources dont ils pouvaient disposer, qu’ils avaient choisi, en Jules Favre, un avocat passé maître dans l’art de colorer d’une certaine vraisemblance les contes les plus insensés, tandis enfin qu’ils avaient pris tous leurs avantages, le défendeur, M. le comte de Chambord, faisait défaut. Point d’avocat, pas d’avoué, personne qui le représentât devant la cour. Or, ceci est une règle qui souffre très peu d’exceptions : lorsque le défendeur, pour un motif ou pour un autre, se dérobe, le demandeur gagne son procès. Le défendeur peut ensuite faire opposition, si cela lui plaît ; la cause alors revient devant les magistrats, il y a débat contradictoire, et, souvent, le second arrêt se trouve absolument contraire au premier. Eh bien ! M. le comte de Chambord n’eut pas même à faire opposition ; du premier coup, la cour débouta les demandeurs,