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Bourbons et la France tout entière, comme un châtiment du Ciel. Pour le point de départ, on peut donc se trouver d’accord avec les champions de Naundorff. Par exemple, il va être bien vite nécessaire de bifurquer ; en effet, tandis qu’ils prétendent audacieusement que les derniers Bourbons se sont vus condamner : Louis XVI à la mort, Charles X à la perte du trône, Henri V à l’exil, parce que Louis XVIII a volé la couronne à son neveu Louis XVII, je crois plutôt que les derniers Bourbons, tout simplement, ont dû expier le règne de leur aïeul Louis XV. Il ne me paraît en vérité pas admissible que le roi martyr ait payé de sa tête un forfait qui aurait été commis, ultérieurement à son assassinat, sur la personne de son fils, par son frère cadet, tandis que celui-ci a régné bien tranquillement, et s’est éteint bien doucement dans la prospérité la plus enviable. On comprend qu’une malédiction divine ait poursuivi la race de Caïn, après le meurtre qu’avait perpétré son chef ; mais il n’est jamais venu à la pensée de personne, avant les Naundorff, de soutenir qu’Adam et Ève ont été chassés du paradis terrestre, parce que Caïn devait, pas mal d’années plus tard, égorger son frère Abel !

Telles sont les objections qui me semblent faire justice des raisons de sentiment que les naundorffistes invoquent. Et maintenant, pour ne pas terminer ce premier chapitre sans produire, après cette discussion, morale en quelque sorte, au moins un document matériel, je vais