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pourrais ne donner à ce travail qu’une étendue fort restreinte. J’ai, en effet, reçu des lettres, généralement semblables, quant à la forme, et que je résumerai ainsi, quant au fond : « N’allez pas vous imaginer, monsieur, que je croie le moins du monde aux Naundorff. Non ! je n’y crois nullement. Cependant... j’y crois tout de même un peu. Mais, je n’y croirais certainement plus, si vous parveniez à réfuter cette unique objection, la seule sérieuse. » Après ce début, venait l’objection à réfuter, « la seule sérieuse ». Par malheur, autant de lettres, autant d’objections, et pas sérieuses ! Alors, en présence de cette multiplicité, j’ai dû prendre le même parti que le meunier de la fable :


... Que dorénavant on me blâme, on me loue.
Qu’on dise quelque chose ou qu’on ne dise rien,
J’en veux faire à ma tête !


déclarait ce meunier.

J’en veux faire à ma tête !Il le fit et fit bien,

conclut La Fontaine. Puissé-je mériter une pareille approbation !

Avant d’aborder la lutte directement, il me semble qu’il ne sera pas inutile de rechercher, pour en examiner la valeur et le degré de justice, quels sont les sentiments qui ont prédisposé les dupes des Naundorff à se rallier à cette triste cause, à se laisser prendre aux inventions et aux jongleries de ces imposteurs. Ils ne sont pas multiples, ces sentiments ; il n’y en a même guère que deux. Le premier a été suggéré par le spectacle de la fatalité, séculaire