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Monsieur l’abbé, apprenez que le premier Dauphin est mort en juin 1789, à Meudon, Louis XVI régnant, tandis que le duc de Normandie, second Dauphin, est mort en juin 1795, au Temple, la Convention gouvernant. Il aurait fait beau voir, à cette époque-là, que des médecins se permissent de ne pas traiter le petit Capet comme un simple particulier !

La Légitimité est encore moins sérieuse, lorsqu’elle prétend que les Mémoires de Mme la duchesse de Tourzel n’ont aucune valeur. Pourquoi n’ont-ils aucune valeur, selon M. Dupuy ? Parce que, racontant les conversations qu’elle eut avec Jeanroi et Pelletan sur Louis XVII, la duchesse de Tourzel leur fait tenir à tous deux, en notant elle-même cette similitude, un propos presque identique : « Les ombres de la mort n’avaient point altéré la beauté de ses traits », déclare Jeanroi, et Pelletan répète : « Les ombres de la mort n’avaient point altéré ses traits. » Là-dessus, voici, en substance, l’argumentation de la Légitimité : On ne parle plus comme cela aujourd’hui ; donc, on ne parlait pas comme cela sous la Restauration ; donc, ni Pelletan ni Jeanroi n’ont pu prononcer cette phrase ; donc, la duchesse de Tourzel en a imaginé la forme ; donc, elle en a imaginé le fond ; donc, elle a imaginé tout ce qu’elle rapporte de Jeanroi et de Pelletan. Et M. l’abbé Dupuy conclut en ces termes textuels son raisonnement péremptoire : « Cette idée de faire répéter la même phrase par deux hommes différents et à plusieurs années de distance, constitue une