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il ne revint qu’un quart d’heure après le décès ! Il dit : « Je voyais le prisonnier constamment. » Et il ne le voyait que trois fois par jour ! « Ah ! quel faux témoin ! » s’écrie le directeur de la Légitimité !

Admirez ensuite comme Lasne et Gomin s’accordent peu ! L’un déclare que le Dauphin est mort à deux heures ; l’autre dépose qu’il était environ trois heures. Lasne reconnaît que l’enfant ne parlait guère ; Gomin soutient qu’il a causé bien des fois avec lui. Quels imposteurs ! n’est-ce pas ? Quels faux témoins !

Voilà les contradictions phénoménales que la Survivance et la Légitimité relèvent, triomphalement, entre les trois dépositions de Lasne et celle de Gomin. Je disais tout à l’heure qu’il fallait répondre à cela sérieusement ; j’avais tort. Il suffit de hausser les épaules, après avoir rappelé que les deux gardiens du fils de Louis XVI parlaient, en 1837, de faits qui s’étaient passés plus de quarante années auparavant, et que ces deux octogénaires ne se sont jamais contredits sur les points d’importance ; ils ont toujours soutenu, par exemple, qu’ils connaissaient le Dauphin avant sa détention[1] ; ils ont toujours affirmé que l’enfant mort au Temple, le 8 juin 1795, était certainement

  1. Il paraît cependant, qu’à son arrivée au Temple, Gomin aurait déclaré à Laurent qu’il ne connaissait pas le Dauphin. Gomin se défiait évidemment, au premier abord, de Laurent, dont il ne pouvait savoir que deux choses : qu’il passait pour un jacobin, et qu’il avait été nommé à son poste par Robespierre.