Page:Veuillot - L’Imposture des Naundorff, 1885.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

jeune martyr du Temple dans Naundorff et dans Richemont.

Mais tandis que les autres faux dauphins disparaissaient sans laisser personne derrière eux, Naundorff fondait une dynastie de prétendants. De ce Louis XVII de Prusse est né un Charles XI d’Angleterre ou de Hollande et un Adelberth Ier, qui dès à présent a pour héritier un Edmond, premier aussi.

Grâce à une dame Laprade, dite Amélie de Bourbon, c’est le prince Charles qui tient la corde. Il signe des proclamations, parle des droits que lui donne sa naissance, s’entend appeler sire, laisse tomber un sourire quand on lui chante : Ô Charles ! ô mon roi ! et, ne pouvant encore lever des impôts, daigne, – gardons-nous d’en douter, – recevoir des dons. Le roi doit vivre du trône.

L’exploitation, maintenant prospère, fondée par le premier Naundorff, a eu de mauvais jours. « Charles XI », qui manque de prestige et auquel le type bourbonien fait absolument défaut, avait même abandonné la partie. De cet abandon datent les droits d’Adelberth Ier. La mort du comte de Chambord ne pouvait relever les espérances de ces intrigants, ils sont trop roués pour en avoir ; mais elle a ravivé leurs appétits. Ils ont compris que certains légitimistes, par hostilité passionnée contre les princes d’Orléans, que certains catholiques, disposés à voir dans la mort du roi le châtiment de quelque crime commis par ceux dont il avait hérité, deviendraient accessibles à l’imposture naundorffiste.