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On n’a pas de revenus, mais on a des partisans qui en ont, et qui en font. Cette existence confortable est assombrie, toutefois, par quelques légers désagréments : on n’est point reçu dans la bonne société, ni dans le monde ecclésiastique, l’illustre et si regretté cardinal Pie ayant, à vingt reprises, manifesté son profond mépris pour ces intrigants.

Il faut reconnaître un mérite à Mme Laprade : elle est intelligente, en quoi elle diffère beaucoup, s’il faut en juger par les apparences, de sa famille et de son entourage. C’est elle qui conduit le bateau de pêche naundorffiste à travers les eaux troubles où il flotte ; c’est elle qui le préserve de l’envasement. C’est elle, qui la première, s’est convertie au catholicisme, comprenant que là était le meilleur moyen, pour sa famille, de recruter un certain nombre de partisans nouveaux, sans perdre aucun des autres. C’est elle, qui, à la mort d’Henri V, voyant trois ou quatre milliers de légitimistes, presque tous fort bons chrétiens, désorientés, éperdus, a précipité le mouvement dans le sens catholique, et, bientôt, est parvenue à faire abjurer son frère Charles. Quelque temps après, elle est parvenue aussi à lui faire rétracter l’abdication qu’il avait signée, en un moment de découragement, ou plutôt de gêne, au profit d’Adelberth, demeuré protestant.

J’ai parlé jadis de la fameuse abdication du « prince » Charles[1]. Je possède toujours les pièces relatives à cet épisode ultra-comique :

  1. Dans l’Univers.