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PRÉFACE


De toutes les sottises aujourd’hui florissantes, aucune, à mon avis, ne l’emporte sur la croyance aux Naundorff. Le succès relatif de cette impudente et grossière imposture n’est pas seulement inouï, il est humiliant. Qu’un aventurier se soit donné pour un personnage mort, pour l’héritier disparu d’un grand nom ou d’une grande fortune et qu’il ait trouvé des dupes, cela s’est vu souvent et, à coup sûr, se verra encore ; mais que cet aventurier ayant fait souche, sa progéniture ait pu continuer en grand son industrie, voilà le nouveau, voilà le comble.

C’est le cas des Naundorff. Leur auteur comptant, en homme d’expérience dépourvu de tout scrupule, sur la simplicité des honnêtes gens, s’avisa, après plusieurs autres, de se déclarer Louis XVII. Ce juif prussien, né dix ans avant le Dauphin, n’avait guère pour entrée de jeu, outre sa fourbe, qu’un nez bourbonien. Ce fut assez. Des illuminés qui avaient vu Louis XVII lorsqu’il avait cinq ou six ans, le reconnurent dans ce quinquagénaire. D’autres, non moins hallucinés et, par conséquent, non moins sûrs de leurs souvenirs, reconnaissaient au même moment d’autres Louis XVII. Tel de ces bons témoins reconnut même successivement le