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enclin à y trouver un témoignage de son imposture. À ce titre, mieux eût valu certainement pour ce faux dauphin n’avoir que les trois enfants dont je vais m’occuper, laissant de côté les autres, qui sont morts, ou ne font point parler d’eux.

Seuls, demeurent en scène, Amélie, Charles et Adelberth.

Commençons par Mme Amélie Naundorff, femme Laprade. C’est l’aînée et le véritable chef de la famille. Ses fidèles prétendent lui trouver une ressemblance frappante avec la reine Marie-Antoinette. Il y a bien quelque chose en effet, dans la coiffure. Mais les traits du visage s’écartent sensiblement de ceux du modèle. Et puis, la fille de Naundorff est d’une taille au-dessous de la moyenne, tandis que la reine-martyre était d’une taille élevée. En fait, Mme Laprade, qui manque de distinction, a surtout l’aspect d’une « princesse de théâtre ». Grande (moralement), noble et généreuse, elle a daigné accorder sa main royale au frère d’un de ces désabusés qui, en 1841, couvrirent son père des témoignages de leur mépris, de leur dégoût, le reniant tout haut, le déclarant, à la face du monde, fourbe, imposteur et crapuleux. Mme Laprade honore de temps à autre Paris de sa présence, et voyage assez souvent pour les besoins de la cause et les petites nécessités du commerce de sa famille. Quand elle ne voyage point et qu’elle n’est pas à Paris, elle réside aux environs de Poitiers, habitant un petit château, où l’on mène, paraît-il, large vie.