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l’Ami de la Vérité, – un prêtre ! – proclamer, avec cette hardiesse, qu’en s’emparant d’une demi-douzaine de couronnes, puis en mettant, pour finir, une main sacrilège sur les États du Pape, Victor-Emmanuel n’a point fait au droit le plus petit accroc. Car enfin, il est incontestable que Victor-Emmanuel a eu plusieurs enfants, et l’aîné de ses fils, qui continue le crime de son père, en a aussi. Donc, Victor-Emmanuel et le roi Humbert ne peuvent pas être accusés d’usurpation, s’il faut en croire M. l’abbé Dupuy !

Mais je n’ai pas à m’occuper de la postérité des princes de Savoie. C’est la postérité de Guillaume Naundorff qui doit faire le sujet de ce chapitre.

Charles Naundorff, l’héritier de Guillaume, n’est pas premier enfant mâle de l’aventurier prussien. Avant Charles, il y avait Édouard ! Ce prénom vous étonne. À mon idée, il prouve tout simplement qu’aux environs de 1820, quand Édouard naquit, son père ne pensait pas encore à jouer le rôle qu’il a joué plus tard. Autrement, s’il avait conçu, dès cette époque, le projet de se faire passer pour Louis XVII, il n’eût point omis de donner à son fils aîné un prénom plus conforme aux traditions de la maison de France[1]. Son deuxième fils, il l’appela

  1. Les naundorffistes semblent d’ailleurs avoir compris la portée de cette petite, mais grave objection. Depuis quelque temps, en effet, ils ont imaginé de dire que le défunt s’appelait Charles-Édouard. Seulement, cette annexion est toute nouvelle, et, en 1880, dans la Survivance du Roy-Martyr, l’abbé Dupuy produisant une généalogie des Naundorff, écrivait encore, comme il est écrit dans les ouvrages antérieurs : Édouard, tout simplement.