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arrivant à Delft, il proposa, moyennant finances, au gouvernement des Pays-Bas, qui n’en voulut à aucun prix, bien entendu, quelques engins de guerre de son invention, dont le plus original était une espèce de feu grégeois. Voilà une bonne preuve, fait remarquer d’un ton sérieux la Légitimité, que Naundorff était certainement le fils de Louis XVI. Car enfin tout le monde sait que Louis XVI avait un goût très vif pour la serrurerie ; donc, l’inventeur d’un feu grégeois et de trois ou quatre instruments de balistique, ne pouvait être que l’enfant de cet infortuné monarque !

Naundorff mourut, ainsi qu’il avait toujours vécu, dans le désordre et l’impénitence, ne laissant aucun témoignage d’une velléité de repentir. Ce qui n’empêche par M. Daymonaz, en sa brochure intitulée : Où est la Maison de France ? de nous dépeindre l’agonie de l’imposteur comme celle d’un saint. Le juif « dégradé » voit, au milieu du ravissement de la dernière extase, le ciel s’ouvrir devant lui et Dieu s’avancer pour recevoir son âme, qui est, dit en termes lyriques et inconvenants M. Daymonaz, celle d’un « agneau royal » et d’un « Christ humain » !

M. Daymonaz me répondra peut-être que Naundorff n’était plus juif, puisqu’il avait imaginé une religion nouvelle. Cela est vrai ; mais je lui ferai observer que la découverte d’une religion nouvelle n’est point, pour entrer directement au paradis, une recommandation aussi bonne qu’il paraît le croire, et je lui demanderai