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avait bien ses avantages, mais c’était une infériorité.

Tout à coup, le bruit se répandit, parmi les fidèles de Naundorff, que leur prince avait failli être victime d’une tentative d’assassinat. Attaqué au beau milieu de la place du Carrousel, ce qui prouvait une audace vraiment inconcevable chez les meurtriers, il avait reçu un coup de poignard. Heureusement, par un véritable miracle, « une médaille (de la sainte Vierge), transpercée, avait arrêté à une demi-ligne du cœur », le fer régicide. Ainsi, à l’en croire, ce juif débauché, ce cynique, était l’objet d’une protection toute spéciale de la sainte Vierge ! Ces insanités désarment, quand elles n’indignent pas.

Cependant, l’affaire du Carrousel ne réussit qu’à moitié. L’imposteur craignant, on le conçoit sans peine, qu’une enquête judiciaire ne dévoilât sa ridicule et impudente supercherie, ne voulut point qu’on parlât trop haut de l’attentat soi-disant dirigé contre ses jours. On s’en étonna jusque parmi ses dupes. C’était, en effet, une si belle occasion de soulever un gros tapage et d’émouvoir les tribunaux ! Pourquoi s’obstiner à la laisser perdre ? Mais Naundorff, au risque de ne pas atteindre le résultat qu’il avait désiré, et qu’il n’atteignit guère, en effet, s’obstina dans sa résolution de ne pas porter plainte. Ce fut quelques mois après seulement, qu’il se décida enfin à sortir de la « pénombre », et à profiter d’une circonstance moins compromettante pour saisir l’opinion publique. C’est alors