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nombre de dupes. Celles-ci lui fournirent de précieux renseignements, dont il ne manqua point de tirer profit, et moyennant lesquels il parvint, en peu de temps, à s’entourer d’une imposante escorte de fidèles. J’ai parlé aussi du procès qu’on lui intenta, pour cause d’escroqueries diverses, qui ne furent point juridiquement prouvées. Je ne reviendrai sur aucun de ces points. Mieux vaut s’occuper tout de suite des deux tentatives d’assassinat qui furent dirigées contre lui, par lui-même.

Naundorff sentait le besoin de se faire assassiner, à la condition d’être raté, bien entendu. Et il avait raison : cette aventure manquait à sa carrière. C’était là une lacune fâcheuse, qu’on ne s’expliquait point et qui pouvait jeter dans l’esprit de ses dupes, même les plus naïves, un certain étonnement, funeste avant-coureur de doutes formels sur la véracité de ses récits. Quoi ! il affirmait qu’une impératrice : Joséphine ; que des princes du sang royal : le duc d’Enghien, le duc de Berry ; que des personnages notables : Desault, Pichegru, Frotté, l’abbé de Tourzel ; qu’une douzaine de malheureux, plus ou moins obscurs : Ojardias, Fualdès, Caron, Martin, Pezold, etc., etc., etc., avaient été soit assassinés, soit empoisonnés, simplement pour l’avoir reconnu : et lui, lui ! vivait encore ! Les tyrans acharnés à lui barrer le chemin du trône, qui, dans leur rage sanguinaire, n’avaient pas craint de frapper un grand nombre de ses partisans, malgré le bruit que devait soulever tant de morts soudaines, tant de morts violentes,