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pour la même raison ; il y a encore le duc de Berry, et, cette fois, le meurtrier ne fut pas Bonaparte ; ce fut Louis XVIII, l’oncle de la victime. Je ne puis plus dire qu’il n’y a pas de preuves : il y en a. Le duc de Berry a écrit une lettre à Naundorff. Malheureusement, cette lettre est perdue. On a en revanche le témoignage d’un ancien huissier à la cour, lequel a dit à sa famille, qui l’a répété à un ancien avoué, qui l’a répété à un ancien huissier de la chapelle royale, qui l’a répété en 1851, sans que la chose ait jamais été le moins du monde dénaturée ni même exagérée, que, se trouvant une fois à la porte du cabinet de Louis XVIII, il entendit ce prince et le duc de Berry parler du fils de Louis XVI. Le duc de Berry soutenait que son cousin vivait encore ; le roi disait que non. Ils s’entretenaient de ce petit secret de famille assez haut pour qu’on pût suivre leur conversation de l’antichambre. Le duc de Berry sortit bientôt, fort en colère. Quelques jours après, il était frappé par Louvel.

« Il n’y a pas un homme », s’écrie M. de Kerloyal, l’auteur d’un intéressant manuscrit, où la Survivance du Roi-Martyr est réfutée, point par point, d’un bout à l’autre, « il n’y a pas un homme au courant de l’histoire de notre temps qui puisse, en face des documents du procès de Louvel, croire un seul instant que celui-ci fut l’instrument de Louis XVIII. Il est avéré que s’il avait pu atteindre d’un seul coup toute la famille royale, il l’eût fait. En frappant le duc de Berry, il se flattait d’éteindre