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On croit généralement savoir pourquoi. On se trompe. La véritable raison n’est pas celle que l’on donne, et les Mémoires ou plutôt quelques lignes du Discours préliminaire nous l’apprennent, cette véritable raison. Le premier consul fit mettre à mort le duc d’Enghien, parce que celui-ci allait proclamer Louis XVII en la personne de Naundorff. Naundorff n’en fournit point de preuve ; sa parole et celle de M. l’abbé Dupuy doivent encore une fois nous suffire.

Il faut admirer ici la complaisance de Napoléon. C’était un homme bien expéditif, sans doute ; mais, quel caractère serviable ! Comment ! le duc d’Enghien a reconnu le « prince » ! Il se prépare à crier sur les toits sa découverte et va couper en deux le parti royaliste ! Louis XVIII, en effet, ne voudra pas renoncer au bénéfice de sa félonie et de ses crimes ; il soutiendra que son neveu est mort, et que le duc d’Enghien se trompe ; les partisans des Bourbons se diviseront en deux camps ennemis ! Quelle aubaine pour Napoléon ! N’importe, celui-ci veut rendre service à son adversaire : en un tour de main, le fils du prince de Condé est enlevé et fusillé à Vincennes ! Ce qui est bien étonnant, par exemple, c’est que le premier consul qui, juste à ce moment-là, d’après les Mémoires, détenait sur la paille humide d’un cachot infect le malheureux Naundorff, ne l’ait pas fait disparaître. C’eût été beaucoup plus simple ; mais on ne pense pas à tout.

Le duc d’Enghien n’est point le seul membre de la famille royale de France qui soit mort assassiné