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le défigurer à tout jamais. À leur place, j’aurais simplement coupé le nez de la victime. Ce n’eût pas été plus cruel et c’eût été plus sûr. La preuve que c’eût été plus sûr, c’est que Naundorff, on aura de la peine à le croire, ne fut pas défiguré le moins du monde. Seulement, sa peau resta quelque peu abîmée. Si vous doutez de l’exactitude de ce récit, apprenez que « la princesse Amélie (femme Laprade) n’a point oublié, qu’à l’âge de huit et neuf ans, elle promenait fréquemment ses petits doigts sur le visage de son père, et lui demandait, en les touchant, pourquoi il avait tant de si petites piqûres d’épingles sur toute la figure ». Êtes-vous convaincus, maintenant ?

Quant aux bourreaux qui le martyrisèrent ainsi, Naundorff, selon son habitude, ne les nomme pas. C’est une lacune fâcheuse. Par bonheur, je crois être en mesure de la combler, au moins en grande partie. Je puis désigner en effet deux des coupables à l’indignation des honnêtes gens. Le premier de ces trois hommes vêtus de noir, c’était sans aucun doute Louis XVIII, et le deuxième, c’était certainement le consul Bonaparte. Les deux infâmes tyrans avaient dû se déterminer à opérer en personne, pour la circonstance. Eux seuls pouvaient avoir le triste courage d’accomplir une pareille infamie !

Car, ceci est à noter : Napoléon ne montra pas moins d’acharnement contre l’enfant royal que Louis XVIII. Exemple : Napoléon fit fusiller le duc d’Enghien dans les fossés de Vincennes.