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comme étant les plus présentables, par l’Ami de la Vérité.

Naundorff avait le type bourbonien ; autrement, il ne lui eût pas été possible de jouer son rôle. Mais sa ressemblance avec Louis XVII n’était point absolue. Son âge, d’abord, – on sait qu’il était né en 1775, – dépassait visiblement de plusieurs années celui qu’aurait eu le Dauphin, survivant. Ensuite, il était affligé d’une peau épaisse, vilaine et marquée, tandis que le petit duc de Normandie avait une peau fine, délicate et lisse. Pour expliquer à son entourage qu’il parût avoir soixante ans, lorsqu’il prétendait n’être âgé que de cinquante, Naundorff alléguait ses longues tortures physiques et morales. Cela était, à la rigueur, admissible. Expliquer la transformation de sa peau n’était pas aussi commode. Naundorff, dans ce but, avait inventé l’histoire que voici :

Vers 1802 ou 1803 (la date n’est point fixée d’une façon précise), le « prince », étant alors prisonnier je ne sais pas où (le lieu n’est point fixé même d’une façon approximative), reçut, pendant l’absence d’une gardienne qui lui était restée fidèle (le nom de cette femme n’est pas donné), la visite inattendue de « trois hommes vêtus de noir... ».

Trois hommes vêtus de noir ! On ne s’habille point de noir sans avoir des intentions terribles. Le lecteur s’attend tout de suite à quelque drame épouvantable. Il n’a pas tort. Il va frémir en apprenant à quel passe-temps se livrèrent ces trois misérables, vêtus de noir !


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