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pénombre », s’afficha au grand jour de la manière que voici : Richemont, accusé d’avoir comploté contre la vie du roi et la sûreté de l’État, était jugé par les assises du département de la Seine. Au cours du procès, on vit s’avancer à la barre un inconnu. « Il s’appelait, raconte M. de La Sicotière, le baron Morel de Saint-Didier, et venait gravement, en habit noir et un grand pli cacheté de cire rouge à la main, réclamer pour Naundorff le titre de Louis XVII.

« La réclamation donnait à Naundorff les prénoms de Charles-Louis ; Richemont fit très justement observer que le Dauphin portait ceux de Louis-Charles. »

Mais ce qu’il y a de plus piquant, c’est que le juif prussien commit la sottise de s’entêter. « Moi, qui suis le vrai Dauphin, disait-il, je connais bien mon nom, peut-être ! » Il savait sûrement qu’il s’appelait Charles-Louis ! Pour le confondre, il fallut produire l’acte de baptême du prince et prouver, pièces officielles en main, que le duc de Normandie se nommait Louis-Charles. Cette aventure mortifiante n’éloigna de lui, du reste, que fort peu de ses dupes. Il n’est pires aveugles que ceux qui ne veulent pas voir !

Naundorff, cependant, outre le récit de l’évasion, a modifié encore sur un point le roman de Regnault. On sait qu’une des objections les plus souvent répétées par tous ceux qui ne croient point à la mort, au Temple, de Louis XVII, consiste à dire : L’enfant décédé