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en sa sublimité, Charette n’hésite pas à tutoyer son roi. Il s’écrie :


 « Quoi ! Tu serais replongé dans cette Fosse aux Lions où la vengeance te laisserait jusqu’à ce qu’elle osât se nourrir de ton sang ! Non, mon enfant, tant qu’un souffle de vie animera mon existence, la tienne est assurée. Tant que je jouirai de ma liberté, tu garderas la tienne. Ma vie est à toi comme elle fut à ton père. Mon sang a coulé et coulera encore pour te défendre. Mon bras, enfin, s’usera pour te sauver !!! »

S’il faut en croire Regnault-Warin, qui, du reste, ne demandait point qu’on le crût, c’est ainsi que parlait Charette quand il causait avec les officiers de son état-major. S’il faut en croire les trente Louis XVII qui se sont révélés depuis 1800, et qui élevaient la prétention qu’on les crût, c’est ainsi que s’exprimait Charette quand il adressait des proclamations à ses troupes. Je trouve que ce héros avait la parole, ou le style, bien emphatique. Je trouve aussi qu’il n’aurait pas dû manquer d’usage au point d’appeler son roi : mon enfant.

Doutez-vous encore, par hasard, de l’influence du Cimetière de la Madeleine sur les récits de l’aventurier ? Achever de vous convaincre ne sera pas difficile. Dans son roman, – l’erreur, un peu grosse, est excusable en somme, compréhensible au moins, de la part d’un romancier, – Regnault appelait le Dauphin : Charles-Louis. Or, en 1834, Naundorff, qui, jusque-là, était resté « dans une sorte de