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un conte qui différait sensiblement de ceux publiés jusque-là. Il n’a réussi, d’ailleurs, qu’à être encore plus ridicule que ses devanciers. Car si l’évasion du Temple, d’après Hervagault, Mathurin Bruneau et Richemont, qui se sont contentés de copier le Cimetière de la Madeleine, est parfaitement invraisemblable et impossible, elle dépasse, dans la version de Naundorff, tout ce qu’on a imaginé de plus absurde !

L’imposteur en eût-il quelque soupçon ? C’est peu probable. Quoi qu’il en soit, laissant pour un moment de côté ce que lui dictait sa stupéfiante imagination, il revint bien vite au roman de Regnault-Warin, ce guide précieux. Le voyage, la réception, le séjour en Vendée, l’enthousiasme de Charette, l’affreuse lâcheté de son état-major voulant rendre Louis XVII, les négociations entre les blancs et les bleus, etc. ; bref, toutes les péripéties, tout l’enchevêtrement du Cimetière de la Madeleine, sont reproduits avec fidélité par Naundorff ou ses historiographes, jusqu’à, mais non comprise, bien entendu, la mort du Dauphin en mer. Comme Hervagault, comme Bruneau, comme Richemont, comme tous les autres, le juif prussien ne manque pas de citer le fameux discours de Charette à ses officiers, dont il fait, lui aussi, une proclamation du général en chef aux troupes vendéennes, pour leur apprendre l’arrivée de Louis XVII au camp. Veut-on que je donne un fragment de ce pseudo-manifeste-harangue ? La grande éloquence étant toujours un peu familière