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Les feuilles publiques et, après elles, les historiens ont tous raconté d’une façon pareille ce voyage suprême. Eh bien, Naundorff a changé tout cela ! Ce furent les amis du prince, qui, après avoir placé le cercueil dans une voiture, le conduisirent au cimetière. Cette voiture, soigneusement préparée d’avance, contenait un coffre, rempli de vieilles paperasses. Le cercueil fut posé près du coffre, et, en route, sans que la voiture s’arrêtât, sans que la foule pût rien voir du tout, grâce à un petit mécanisme très ingénieux (oh oui !) dont la Survivance ne fait point mention, mais dont il est parlé en d’autres écrits de naundorffistes, le cercueil et le coffre s’ouvrirent en même temps, les paperasses, du second, passèrent dans le premier, et le prince fit le même trajet, vice versa, toujours endormi. Quand il se réveilla, il était en Vendée, ou moins loin. La sixième substitution avait heureusement réussi, comme les autres.

Est-il besoin d’insister sur l’absurdité affolante de ce roman ? Non, n’est-ce pas ? Je terminerai par une simple remarque :

Je viens de raconter cette aventure impossible sans donner un seul nom. Peut-être quelque lecteur s’en est-il étonné. Qu’il sache que j’ai suivi en cela l’exemple de Naundorff. Naundorff, dans ses Mémoires, fait le récit de son évasion, parle de ses « libérateurs », de ses « protecteurs », de ses « sauveurs », de ses « amis », manifeste pour eux une vive reconnaissance, mais ne risque, à l’appui de ses