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Il devait avoir environ dix ans ; à cet âge, on parle ; on peut s’expliquer.

Le rachitique fut de meilleure composition que le muet. Il ne tarda pas à mourir. C’est ici que se place la seconde partie du sauvetage. Naundorff, d’abord, l’avait datée du 4 juin. Sur des observations qu’on lui fit, il la recula jusqu’au 8, puis enfin jusqu’au 10, c’est-à-dire jusqu’au jour où fut enterré l’enfant royal.

Que fallait-il pour tirer le Dauphin du Temple ? Encore une simple substitution. L’habitude qu’on en avait prise, et la facilité que rencontraient les amis du prince à s’introduire au Temple étant données, rien n’était plus aisé. On attendit que les médecins eussent terminé l’autopsie, puis en plein jour, après avoir, selon leur coutume, endormi le fils de Louis XVI avec de l’opium, afin d’ajouter ainsi à la difficulté de l’opération, ses sauveurs le descendirent de son grenier, le déposèrent dans le cercueil, et, à la place de l’enfant royal, remontèrent au fond des combles le cadavre de l’enfant rachitique. Bien que la chambre et l’escalier fussent naturellement pleins de monde, personne pourtant ne s’aperçut de rien. C’est extraordinaire, mais c’est à prendre ou à laisser. La cinquième substitution était faite.

Il y en eut une autre encore. Tout le monde sait comment le Dauphin sortit du Temple pour aller à Sainte-Marguerite. Des officiers, des fonctionnaires, ses gardiens l’accompagnaient ; un cortège de soldats maintenait la foule à distance.