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être, qu’il y eût au Temple des greniers où il était facile de cacher un enfant. D’abord, ce serait invraisemblable ! Ensuite, le pouvoir ne l’ignorait pas, puisque, lorsqu’il voulut se débarrasser de l’enfant muet, qui s’obstinait à ne pas mourir (cet âge est sans pitié pour les embarras des pouvoirs), il le relégua au grenier, tout simplement, – lui aussi ! Et il ne lui était pas venu à la pensée qu’on avait pu en faire autant du Dauphin !

L’enfant muet fut remplacé par un enfant rachitique. Encore une substitution ! C’est la troisième. Les détails positifs manquent sur elle comme sur les précédentes. On lit seulement, dans le Discours préliminaire, ce qui suit : « Quelque temps avant la prétendue mort du fils de Louis XVI, plusieurs personnes se présentèrent à l’Hôtel-Dieu avec un portrait du duc de Normandie, et cherchèrent un enfant qui ressemblât à ce prince. L’ayant trouvé, elles l’emportèrent avec elles, et le remplacèrent par un enfant bien portant, pour qu’on ne s’aperçût pas de l’enlèvement ; ce qui fut cause que, dans la Gazette de Médecine du temps, on publia qu’un miracle s’était opéré à l’Hôtel-Dieu, qu’un enfant très malade avait été guéri en quarante heures. »

Avez-vous la Gazette de Médecine « du temps » ? Si oui, vous pourrez vérifier. Si non, non. En tout cas, ce qui est très extraordinaire, c’est que l’enfant bien portant, substitué au malade (quatrième substitution), n’ait rien dit.