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municipaux, et veille sur son prince, sans se laisser rebuter jamais par les propos du corps-de-garde, sans que l’on songe à lui demander d’où elle vient, et sans que l’on soupçonne une minute son véritable sexe. Quelle est l’utilité d’un tel dévouement ? Voilà ce qu’il serait intéressant de savoir. On ne le dit point.

Quoi qu’il en soit, puisque le prince est remisé au grenier, laissons-le provisoirement, accroupi et hypnotisé dans son coin, et redescendons jusqu’en la chambre d’où il vient de s’évader.

Le mannequin ne pouvait faire longtemps illusion ; aussi, le soir même, la ruse fut-elle découverte. Admirez ici la simplicité, je devrais écrire la stupidité de la Convention. Vous croyez sans doute qu’elle va commencer par où tout le monde eût commencé à sa place, par se demander si le Dauphin est sorti du Temple, dont les issues sont gardées avec tant de précaution. Vous croyez qu’elle va, en conséquence, ordonner qu’on fouille immédiatement, du haut en bas, le vaste édifice. Pas du tout, la Convention, ou plutôt « le pouvoir », ainsi s’exprime Naundorff, le « pouvoir » met à la place du mannequin un enfant sourd et muet, qu’il s’est procuré en un clin d’œil, on ne sait pas en quel endroit, et qu’il introduit secrètement, on ne sait point par quel procédé. Cela fait, content de lui, le pouvoir commet une seconde sottise : il double la garde, afin de détourner les soupçons !

N’objectez pas que le pouvoir ignorait, peut-