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c’est}} Naundorff qui emploie le pluriel, afin qu’on sache bien que ces hommes dévoués étaient nombreux), lui « avaient fait avaler une dose d’opium » qu’il avait « prise pour une médecine ». Ce narcotique était de l’inutilité la plus évidente, puisque le prince, prévenu qu’on allait l’enlever, ne demandait pas mieux que de s’en aller. Mais, si l’on veut avoir un peu de conscience, on reconnaîtra que l’emploi de l’opium, en des conjonctures aussi graves, est très dramatique et fait admirablement bien dans le récit. C’est tout ce qu’il faut. Cette précaution des libérateurs n’empêcha point, du reste, le prince de se rendre un compte exact de ce qui se passait, à preuve qu’il l’a raconté lui-même. « En cet état je vis un enfant », assure-t-il, « qu’on me substitua, et j’entrevoyais, comme si c’eût été un rêve pour moi, que l’enfant n’était autre qu’un mannequin. »

Maintenant, à ceux qui me demanderaient par quel moyen les amis du prince étaient arrivés à circuler, si facilement et si fréquemment, dans le Temple, je serais forcé de répondre que, à mon vif regret, je n’en puis rien dire. Naundorff a toujours gardé sur ce léger détail un silence non moins complet que singulier. L’Ami de la Vérité n’est pas plus explicite que son patron. Il y a bien une jeune personne, femme d’un Suisse égorgé au 10 août, qui se promène à travers l’action, et qu’on voit apparaître de temps en temps, le fusil sur l’épaule. Déguisée en soldat, cette héroïne se mêle aux