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dans une corbeille de blanchisseuse, et, mettant à profit le court moment où la garde montante venait remplacer la garde descendante, c’est-à-dire le moment où il se trouvait, à la porte même de la pièce, deux fois plus de monde qu’à l’ordinaire (quelle audace !), ils mirent le mannequin, auquel on avait, bien entendu, fait une figure ressemblant à celle du prince, à la place du jeune captif, celui-ci dans la corbeille et s’éloignèrent sans être inquiétés. Seulement, tout à coup devenus, après tant de témérité, d’une prudence qui nous paraît excessive, ils n’osèrent pas, munis de leur fardeau, descendre l’escalier, ce qui eût été bien facile, puisqu’ils avaient pu le monter, et, continuant au contraire leur ascension, ils s’en furent cacher le prince dans un des greniers de la Tour, sous des meubles. C’est là qu’il demeura près d’un an, près d’un an ! – du mois de septembre au mois de juin, – sans dire une parole, sans pouvoir faire un seul mouvement ! Il eut très froid, pendant l’hiver de 1794 à 1795 ! On me fera remarquer peut-être qu’il est bien difficile de se refuser, si longtemps, à certaines nécessités pressantes de la vie, même pour les grandes personnes. Mais si l’on se met à me poser de ces objections, je ne dirai plus rien !

On le nourrissait, du reste. Ses libérateurs lui apportaient des vivres. Car ils étaient dans le Temple à peu près comme chez eux. La preuve, c’est que le jour où ils avaient introduit le mannequin, ils s’étaient d’abord, quelques heures plus tôt, rendus auprès du prince, et {{Corr|c’est|(