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produire de l’impression ? Oh ! le besoin du merveilleux !

Mais il faut procéder avec ordre, et s’occuper d’abord de ce qui est, dans les romans de tous les faux dauphins, le point capital : l’évasion du Temple. La Survivance va nous dire comment Naundorff s’y prenait pour raconter sa prétendue sortie de prison.

Cette remarquable opération se fit en deux fois ; la première fois, les libérateurs purent seulement tirer le Dauphin de la chambre où il était retenu captif ; la seconde fois, ils parvinrent à l’extraire du Temple. Entre ces deux semi-sauvetages, il ne s’écoula guère moins d’une année. Dans quel endroit le jeune prince passa-t-il cette année-là ? Je vais le dire tout à l’heure.

C’est à l’époque où l’on commençait à le traiter d’une manière un peu moins sauvage, quelques jours après qu’il eût été confié à Laurent, que s’accomplit la première phase de l’évasion. Au cours de ses Mémoires, Naundorff a écrit lui-même les lignes suivantes : « Un seul chemin conduisait à moi ; et cette unique issue était si soigneusement gardée qu’on n’eût pas fait entrer ou sortir une souris sans être aperçue. » Mais qu’importaient les obstacles ? Comme Gusman, les amis du prince ne les connaissaient point ; ils « avaient juré de risquer leur vie pour l’arracher des mains de ses bourreaux », ils arrivèrent à leur but. On ne pouvait pas introduire une souris sans qu’elle fût aperçue ; ils introduisirent un mannequin